Social networks win... Need help

C’était une après-midi de repos. Hardin s’occupait des rendez-vous et des impératifs, tandis que Nathan profitait de son temps libre. Un accord entre les deux hommes. Ils alternaient certains jours pour permettre à l’autre de vaquer à ses occupations, car l’un comme l’autre avait besoin de ces petites pauses pour s’entraîner ou simplement flâner. Et puis gérer une entreprise leur prenait tout leur temps. Les week-end et les vacances se faisaient très rares, voire inexistantes par moment. De cette manière, ils pouvaient conserver certaines activités à côté de leur emploi. Cette fois, Nate n’était pas parti s’entraîner dans leur centre mais en avait profité pour se promener un peu en ville. Quelques courses à faire. Rien de très important ni de nécessaire, mais se faire simplement quelques plaisirs. La ville n’avait plus vraiment de secret pour lui à présent. Après six années passées dans celle-ci il en connaissait les codes et les habitudes, et pour les besoins de son métier, il avait un plan de la ville imprimé dans son esprit. Après tout, connaître toutes les routes de sortie et les passages pouvaient s’avérer vital lors de leur première mission. Aujourd’hui, ces connaissances permettaient simplement à déterminer des trajets et des tarifs pour assurer la sécurité d’autres personnes. Finalement, même en quittant l’armée, Nate continuait de protéger les autres. Mais cette fois il prenait les décisions et ne se contentait plus d’obéir aux autres.

Tandis qu’il se promenait, un SMS arriva sur son téléphone. Ce dernier contenait un message très court, pour l’inviter à regarder une photo, accompagné d’une explication pour y accéder. Un lien direct aurait été plus simple, mais la personne à l’origine du message le connaissait et nul doute qu’elle voulait entendre son histoire de galère pour trouver la photo. Son visage se crispa immédiatement. Il devait passer par un mur sur facebook, pour arriver à un autre lien sur instagram… Enfin en clair, il ne comprenait rien du tout à ce qu’il devait faire. Nathan n’était pas passionné par ces différentes plateformes, et ses comptes avaient été créés par des tierces personnes pour garder le contact. Mais il ne s’y rendait jamais, et n’alimentait aucun d’eux. Les applications sur son téléphone s’ouvraient mais il ne voyait pas cette fameuse photo. En désespoir de cause, son regard se posa autour de lui. Une jeune femme brune passa à côté de lui, et il put voir rapidement le logo de Facebook sur son téléphone.

_ « Excusez-moi. Je peux vous demander un coup de main… »

Nathan s’était approché de cette jeune femme, se sentant un peu ridicule de devoir demander de l’aide. Comme une personne âgée découvrant l’internet pour la première fois. Généralement il laissait tomber, et appelait la personne en question. Mais aujourd’hui, il n’avait pas envie d’entendre ce petit rire légèrement moqueur avant d’avoir la solution. Avec cet ami, ils avaient l’habitude de se taquiner de la sorte en mettant l’autre dans une situation compliquée. Cette fois, Nate avait décidé d’utiliser un joker…

_ « Je dois accéder à une photo, mais je n’y arrive pas. Et j’ai cru remarquer que vous sembliez plutôt à l’aise avec Facebook. Si ça ne vous dérange pas de m’aider. »

Nathan fit un large sourire se voulant chaleureux, tout en montrant clairement cette légère pointe de honte de ne pas savoir utiliser cet outil. On lui faisait généralement des réflexions, et on lui demandait de quel siècle il venait. Mais bon quand l’intérêt n’y est pas, difficile de se motiver pour apprendre à utiliser un outil. D’autant que de son point de vue, l’utilité était moindre.

Être secrétaire, ce n’est pas de tout repos. Quand j’avais postulé, l’offre d’emploi ne mentionnait que des tâches de rêve. Ce qui, au final, me semblait très logique pour être plus vendeur auprès des postulants. Bien que quelqu’un qui cherche réellement du travail, ne fait pas vraiment attention à tous les détails car travailler est plus important que de rechigner à faire quelques petites tâches un peu plus ingrates. Mais dès mon premier jour, j’avais très vite compris que rédiger les dossiers, répondre au téléphone et accueillir les clients ne seraient qu’une infime partie de mon travail. Préparer le café, faire quelques courses pour le patron en étaient une autre. C’est pour cette raison qu’en pleine après-midi je me trouvais au centre commercial plutôt qu’assise derrière mon bureau à dactylographier les derniers courriers près à être expédiés.Je n’aime pas les centres commerciaux. Ils sont toujours rempli de monde et étant plutôt pressée, je devais me faufiler un peu partout pour éviter de perdre le moins de temps possible. Il m’arrivait souvent de bousculer des gens et en un rapide geste et quelques mots je m’excusais aussi vite tout en reprenant ma route. Aujourd’hui, j’avais été envoyée pour récupérer des costumes de mon patron au dressing. Et après quelques ennuis avec l’employée, j’avais enfin tout ce qu’il me fallait pour rentrer au bureau. Je repris mon chemin plus calmement qu’à l’allé. Je ne voulais pas être trop fatiguée pour reprendre le travail. Mon portable en main, j’envoie rapidement un texto à mon chef pour le prévenir que j’avais récupérer toute ses affaires. J’eus rapidement une réponse et étonnamment il me disait de prendre mon temps pour revenir. Raison de plus pour ne plus courir. Tout en continuant de marcher, je commençai à surfer sur l’un de mes réseaux sociaux préférés : Facebook. Je n’y postais pas souvent quelque chose mais j’aimais rester au courant de la vie des autres. C’est même assez drôle parfois quand on voit ce que certaines personnes peuvent partager sur leur mur. Soudain, une voix me sorti de mes rêveries. Je relevai la tête vers le jeune homme qui venait de m’interpeler. «  Oui bien sûr. En quoi puis-je vous aider ? » répondis-je immédiatement en souriant.Il était rare que quelqu’un m’interpelle en rue ou autre. Le plus souvent il s’agissait de personnes qui voulaient qu’on signe une pétition ou qui avaient besoin de dons pour une association. La plupart du temps ils m’exaspéraient. Si j’avais envie de faire un don, je me renseigne par moi-même. Comment être sûre de ne pas avoir affaire à des usurpateurs ? Heureusement ce jeune homme ne semblait pas faire partie de ce genre de personnes. Je l’écoutai attentivement quand il m’exposa son problème. Ca m’étonnait toujours quand quelqu’un avait des difficultés avec Facebook ou les autres sites et je pensais toujours à mes parents qui n’apprécient pas vraiment les nouvelles technologies. « Y a pas de soucis. Montrez-moi votre problème. » C’est toujours plus facile d’aider quand on a le problème devant les yeux, sinon c’est toujours abstrait. « Vous avez un compte Facebook ? » C’est peut-être bête comme question mais souvent il n’est pas possible d’avoir accès aux liens si on a pas de compte activé. Et autant être sûre dès le départ.  

Nathan était capable de se servir d’un ordinateur, de faire des recherches et même de se débrouiller avec une certaine aisance. Et pourtant, les réseaux sociaux restaient bien compliqués à ses yeux. Il y mettait un peu de mauvaise volonté d’ailleurs, dans la mesure où il n’y voyait aucune utilité. Beaucoup d’information pour ne rien dire. Ce n’était pas dans sa nature de s’amuser à changer de statut toutes les heures, ni même de s’intéresser au changement des autres. De son point de vue, en cas de problème, c’était aux personnes de le contacter et non à lui de jouer les apprentis détectives ou les curieux pour être au courant. Un avis personnel partagé par peu de monde. Nate se retrouvait pour le moment au milieu du centre commercial, avec une furieuse envie d’incendier l’expéditeur du SMS ou son téléphone selon le moment. L’expéditeur aurait pu grandement simplifier les choses pour lui. Sa vengeance serait terrible. Il commençait déjà à la préparer tout en tentant de comprendre comment accéder à ce foutu mur. Déjà son login et son mot de passe de compte ne s’étaient pas perdus dans les méandres de son esprit. L’une des solutions aurait été d’appelé l’expéditeur, et de subir ses moqueries. Ces dernières n’étaient pas méchantes et plutôt légères, mais c’est comme tout dans la fin, toutes les bonnes choses ont une fin. Et cette fois, Nate n’avait aucune envie de les entendre.

Du coup, Nathan se tourna vers une tierce personne inconnue pour lui demander de l’aide. Une jeune femme brune, qui était sur Facebook en passant à côté de lui. Ce n’était pas très courtois de regarder ainsi ce qu’elle faisait, mais la situation demandait des actions drastiques selon lui. Elle semblait courtoise et encline à lui donner un coup de main. Un charmant sourire accompagna sa réponse. Nate expliqua rapidement son problème. Cela avait aussi pour but de clarifier la situation, pour éviter qu’elle pense que c’était de la drague sauvage. Il commençait déjà à chercher le SMS d’origine, tandis qu’elle reprenait la parole. Il redressa la tête à sa question, et répondit rapidement.

_ « Oui oui j’ai un compte. Même si je ne l’utilise pas du tout… »

Nathan venait de trouver le SMS. Il le montra à cette jeune femme. En résumé, son expéditeur lui demandait d’aller sur le mur d’un compte pour accéder à une photo. Sur instagram à priori. Bref encore une fois, il était perdu. Ou alors elle avait été repostée depuis instagram. Encore un autre moyen de communication incompréhensible. Pleins de photos pour illustrer les endroits où on est ou ce que l’on a mangé quelques minutes plus tôt. Incompréhensible de son point de vue. Eh oui c’était à ce moment qu’il passait pour un homme préhistorique, peu en phase avec son temps.

_ « Ça me sauverait la vie que vous m’aidiez… et m’épargnerez quelques blagues marrantes les dix premières fois, mais soûlante maintenant. » Elle avait son téléphone en main, et il était déjà connecté. « Je vous devrais un service, et je me paie toujours mes dettes. »

Comme entrée en matière, on pouvait difficilement faire plus cocasse et un peu ridicule. Le regard de Nathan oscillait entre le téléphone et cette jeune femme, plutôt charmante. Il aurait pu tomber sur pire en piochant au hasard de la foule. Maintenant restez à savoir si elle pourrait vraiment l’aider, ou si elle lisait ce fameux Facebook sans en connaître les ficelles.

« C’est déjà un bon point si vous avez un compte. » Répondis-je en souriant. Je sentais bien que ce jeune homme était assez mal à l’aise et je n’avais pas envie d’en rajoutant par un comportement froid et désagréable. Il est de toute façon rare de me voir de mauvaise humeur, je suis toujours souriante et sociable avec les gens. De par mon métier où je passe mes journées à avoir des contacts avec des clients, j’ai appris à cacher mes émotions. Je n’ai pas le droit d’amener mes problèmes au travail et c’est donc naturel pour moi de paraître toujours d’excellente humeur.

A la base j’étais pressée mais ce n’était pas une raison pour laisser ce jeune homme face à ses problèmes. Mon patron était en réunion et il n’aurait sûrement pas de nouveau travail à me donner. Et comme j’avais bien travaillé avant de venir chercher les courses du chef et par conséquent, un peu de retard ne me tuerait pas. Qui plus est, mon patron m’avait gentiment conseillé de prendre mon temps pour rentrer. Le jeune homme me montra alors le sms qu’il avait reçu et il ne me fallut pas longtemps pour comprendre ce dont il avait besoin. « Il faut juste que vous alliez sur le compte désigné par l’expéditeur de votre sms. » J’avais le portable du jeune homme en main et en essayant de passer sur le mur désigné je me rendis compte que le jeune homme n’était pas connecté. Le problème était là pour moi et par la suite je n’aurai aucun problème pour trouver la photo qu’il recherchait.

« Il faudrait juste que vous entrez votre mot de passe. » Le nom d’utilisateur était préenregistré. Mais s’il ne va pas souvent sur le site comme il laisse entendre, c’était normal qu’il soit déconnecté. Je rendis le portable à son propriétaire et tourné la tête pour ne pas regarder ce qu’il était en train d’écrire. « Je ne suis pas du genre à rire des gens savez-vous. » avouais-je quand il parla des blagues soulantes dont il avait souvent été victime. « Je n’attends rien en retour. Un service c’est gratuit. » Ce n’est peut-être pas le cas pour tout le monde mais pour moi c’est ma façon de faire. Je récupérai le portable et une fois sur le mur de la personne je cliquai sur un lien qui me renvoya sur un autre site, celui d’instagram. En quelques manipulations, la photo fut en grand écran sur le portable du jeune homme. « Voilà ! Je pense que c’est ça que vous cherchiez non ? » J’espérais que je ne m’étais pas trompé. Mais c’est délicat d’utiliser les affaires des choses. Toujours peur de faire une mauvaise manipulation. Et même si j’avais l’habitude, je n’étais pas à l’abri d’une bêtise.