IKE METAXAS (cameron boyce)

L'eau vient s'écraser sur le sable alors que le soleil vient se cacher derrière l'eau bleutée, à l'horizon. Le spectacle qui s'offre au jeune homme est splendide. Certainement la chose que le gamin préfère. C'est l'avantage de dormir dehors. On assiste à toutes les belles choses que la nature nous offre. Il connaît désormais tout les recoins de la ville, les habitués, les rituels. Le couché de soleil est l'une de ces fameuses choses. Il n'est pas rare de tomber sur le gamin entrain de longer la plage, les pieds nus, son t-shirt à moitié déchiré et un tout nouveau jogging que sa mère lui a offert pour l'argent qu'il ramène à la maison. Alma vient d'ailleurs le rejoindre, déposant sa tête sur l'épaule de son fils, attrapant sa main comme pou lui dire : 'tout ira bien.' Car, elle sait. Alma connaît son fils comme les dix doigts de sa main et sait à quoi il pense. Sa vie, les malheurs, la haine, la tristesse et surtout, le ras-le-bol. Il aimerait crier, mais ses cordes vocales brûleraient. Il aimerait taper mais ses poings saigneraient. Déjà assez abîmé, aggraver son cas n'arrangera rien. De plus, il ira certainement se battre d'ici la nuit tombée. Comment a été ta journée, mon fils ?  Sa mère l'aime. On peut lire cet amour dans ses prunelles lorsqu'elle regarde son fils, dans ses gestes bien trop doux qu'ils ressemblent à ceux d'un être angélique. Elle a toujours été là, ne l'a jamais abandonné. Bien, comme d'habitude. Brandi te salue. Et toi, alors, ta journée ? Ike serre la mâchoire avant de se tourner vers elle, ses os se crispant sous les yeux de sa mère. Il n'aime pas laisser sa mère seule, en journée. Il sait que ses occupations sont dangereuses (trop même) et que ses hommes sont des sauvages sans pitié, qu'ils utilisent sa mère. Et c'est une chose qu'il déteste. Rien de nouveau. Une même routine anormale qui s'est installée dans le quotidien des Metaxas. Maman, c'est quand que tu me sors de cet enfer, dis ? Je suffoque. Il pense, souffle et passe ses mains sur ses traits fatigués. Parle-moi, Isaac. Elle peut voir qu'il ne va pas bien, que les mots lui chatouillent l'extrémité de la langue et qu'il n'attend qu'une chose : pouvoir crier la haine qu'il éprouve envers le monde à sa mère. Car il sait qu'elle écoutera sans le juger, qu'au fond, elle pense pareil. Alma a fait le choix de le garder, a même affronté son foutu père pour ne pas avorter et aujourd'hui, elle ne s'en veut pas. Il a beau vivre dans des conditions misérables, elle est fière de son garçon, de l'homme qu'il devient jours après jours. Tu feras de grande choses, boy. Tu as changé mon monde et bientôt, tu changeras le leurs. Ike, je crois en toi. Elle n'a pas eu espoir pour elle, mais lorsqu'il s'agit de son fils, c'est différent. Ike Metaxas, le pauvre de San Francisco, révolutionnaire. Isaac n'a jamais cru en lui comme sa mère le faisait. Ce n'est qu'un adolescent consumé par la pauvreté et la cruauté de ce monde. Il a des choses à dire, il sait s'exprimer, mais qui l'écoutera ? C'est bien la question. Aux yeux du monde, son avis ne vaut rien. Même pas un foutu centime, même pas une pauvre miette de pain. Je n'ai pas le temps. J'ai des choses à faire.  Partir pour se faire de l'argent. Le soleil est couché. Sa mère ne relève pas, souffle avant de se relever, suivant son fils. J'ai vu la guitare. Ike tente de cacher son sourire fier. La guitare qu'il a volé hier soir, à un musicien dans la rue. Je l'ai volé, hier. Il m'agaçait. Mais, au fond, Alma sait. Son fils, bientôt, en jouera et bientôt, elle voyagera.

Des accords, mélodies d'été flottant dans les airs. Vent frappant sur le visage du bonhomme, les vagues venant à nouveau s'écraser. Sa guitare dans les mains, il se laisse bercer par les doux sons qu'il arrive a créé. Sa mère est en service, sûrement accompagnée d'ivrogne et Ike a besoin de se changer les idées. Autrement, il péterait un plomb en pensant à ce que fait sa mère pour survivre. Il ne supporte toujours pas leurs conditions. L'enfer dans lequel ils sont obligés de vivre. Il aurait aimé rencontrer son père pour le menacer, un moyen de se procurer quelques billets pour le mois. Il a déjà essayé, mais sa mère ne lui a jamais rien dit. Il ne connaît pas son père, pas même son prénom, son âge ou encore s'il vit toujours aux Etats-Unis. Il sait juste que c'est un homme riche qui était un client régulier à sa mère et qu'il a agit comme un connard lorsqu'elle lui a annoncé pour le bébé. Il a entendu les menaces, les deals. Sa mère lui a raconté. Mais elle n'a jamais prononcé son prénom, rien. C'est un mystère aux yeux du jeune homme. Il se souvient encore, lorsqu'il était enfant, il posait des questions à sa douce mère. Maman, pourquoi t'as pas d'amoureux ? Maman, c'est quoi un papa ? Il revient quand, alors ? C'est qui qui a planté la graine, mom ? Il a arrêté lorsqu'il s'est rendu compte que les nuits qui suivaient ses interrogations, Alma pleurait jusqu'à s'endormir. Il a entendu. L'ambiance pesante, il s'en voulait. C'est beau. Ike sursaute avant de se retourner vers la source, la voix. Une jolie blonde, innocente, se tient à côté du jeune homme. Elle ressemble à un ange. Des prunelles profondes, des cheveux blonds comme les rayons du soleil. Elle illumine la nuit. Il ne sait que dire, alors, il sourit. Au fond, il la remercie. Personne n'a jamais complimenté sa façon de jouer, il apprend encore. Ses notes sont écorchées, les accords pas encore tout à fait maîtriser. Et avant qu'il ne puisse lui dire quoi que ce soit, une autre voix rauque se fait entendre. Gamine obéissante, elle salue le bonhomme d'un sourire et d'un geste de la main avant de rejoindre un couple, plus loin. Plus tard, dans la soirée, c'est avec excitation qu'il a annoncé à sa mère qu'il avait vu un ange, un vrai.